Chapitre 1 : le châtaignier 

Bertille était en colère. Son père avait décidé de couper son arbre préféré. Comment pouvait-il décider seul d’une chose pareille ? 

-Je te déteste !

-Bertille ! Reviens tout de suite t’excuser.

Mais la petite folle de rage, partit en courant, son casque à vélo et son sac d’aventurière sous le bras. À bout de souffle, elle arriva à la fin de son énorme jardin qui était aussi le début de la forêt. Face à son arbre, un vieux châtaignier centenaire, elle se mit à pleurer. Depuis quelque temps ses feuilles et son tronc étaient parsemés de tâches noires, et quand Bertille avait voulu grimper sur sa branche préférée, celle-ci s’était brisée, trop malade pour supporter son poids. Après cette chute, ses parents l’avaient condamnée à toujours porter un casque à vélo quand elle sortait. C’était le prix à payer si elle voulait continuer à crapahuter dans le jardin. Son père, pour des raisons de sécurité, s’était résolu à couper le châtaignier dès qu’il en aurait le temps.  Pourtant ce n’était pas la faute de son arbre si elle était tombée, il ne l’avait pas fait exprès. Ce n’etait pas juste de vouloir le couper. Bertille s’assit et mis sa tête dans ses bras, Elle se sentait coupable de ce qui lui arrivait.   

La nuit n’allait pas tarder à tomber, elle allait lui dire adieu lorsqu’elle aperçut, un peu plus loin à l’orée de la forêt, un petit cercle de points lumineux. En tendant l’oreille, elle entendit de petits chuchotements. Elle s’approcha doucement, passa dans le trou qu’elle avait aménagé dans la grille. Elle s’accroupit puis rampa lentement jusqu’au cercle pour ne pas effrayer la source des bruits. C’était un cercle de champignons ! Bertille n’en revenait pas. C’était la première fois qu’elle voyait autant d’espèces de champignons réunies : des bolets, des morilles, et même des amanites, son champignon préféré ! Certains d’entre eux étaient accompagnés d’une petite lanterne orangée. Hyper excitée, Bertille s’approcha encore plus près pour écouter la conversation. Tous semblaient très agités.  

— C’est inquiétant, cela pourrait contaminer tous les autres arbres si nous n’agissons pas rapidement  

— Les communications ont été coupées il y a plus de 20 ans, la mise en quarantaine aurait dû suffire.  

— Justement qui sait ce qui se passe il faut identifier la menace au plus vite et y mettre un terme.  

— Un terme à quoi ? dit Bertille.  

Tous les champignons surpris se tournèrent vers elle.  

— Que fais-tu là petit gland ?