
le secret de l’arbre chapitre 5
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Chapitre 5 Les pleurotes noires
Après avoir longuement consolé la pauvre araignée, ils prirent congé et se dirigèrent vers un chemin escarpé, dernière étape avant d’arriver à l’arbre.
— Bon sang de bonsoir grommela Bertille, je ne me souvenais pas qu’il y avait une pente pour accéder au châtaignier… Que c’est dur d’être petite.
Elle s’aidait de ses mains pour avoir un meilleur appui pendant l’ascension. La terre était froide. Elle était composée d’un mélange de sable et de boue qui rendait leur progression difficile. Bertille glissa plusieurs fois dans la gadoue gelée, avant de réussir à se hisser au sommet de la colline. Il y avait dans l’air une odeur âcre, ce n’était pas les senteurs chaleureuses d’herbe coupée ou de résine qu’on sent d’habitude dans les beaux jardins.
L’arbre était devant eux à 500 mètres. Bertille était impressionnée, il lui semblait beaucoup plus grand que la tour Eiffel. La nuit était tombée maintenant. La lune éclairait la scène, donnant une couleur bleu grise irréaliste. Plus on s’approchait, plus l’odeur de moisi acide était difficile à supporter. Au pied de l’arbre, se tenait un amas noir de pleurotes, elles semblaient protéger quelque chose. Ils s’approchèrent. D’après les taches noires plus nombreuses au pied du tronc, la maladie partait d’un trou, dont les pleurotes gardaient l’entrée.
Notre groupe d’aventuriers avança, hésitant. L’amanite se présenta :
— Mesdames bonsoir, dit-il en s’inclinant. Nous sommes envoyés par le cercle des Champignons Forestiers Enquêteurs. Il semblerait que votre arbre soit porteur d’une maladie pouvant contaminer le reste de la forêt. Nous devons entrer pour diagnostiquer la maladie et si possible la soigner pour éviter la contagion. (L’amanite n’avait pas osé prononcer le mot éradiquer, c’était une décision extrême mais il pouvait très bien devoir s’y résoudre.)
Les pleurotes les regardèrent d’un œil mauvais et s’écartèrent légèrement pour laisser sortir ce qui semblait être leur chef. C’était une pleurote beaucoup plus grande que les autres. Elle était blanche à marbrure noire, le visage triste, les mains repliées sur l’avant, avec une cape sur les épaules. Elle s’inclina.
— Nous entendons votre requête Champignons Forestiers Enquêteurs, mais nous ne pouvons y répondre favorablement. Ce qui est au creux de l’arbre doit y rester. Nul n’est autorisé à pénétrer en ces lieux.
Tant de politesse pour aboutir à rien fit enrager Bertille :
— Laissez-nous passer ! Vous ne comprenez pas, si nous ne faisons rien, le châtaignier mourra.
La Pleurote la regarda froidement.
— C’est vous qui ne comprenez pas, vous n’êtes pas habilité à pénétrer en ces lieux. L’arbre donne sa vie pour contenir ce qui est à l’intérieur. Nul ne peut aller contre sa volonté. Maintenant partez, il a besoin de garder ses forces pour lutter contre ce qui le ronge.
Et sans rien ajouter, elle retourna au creux de l’arbre.
— J’insiste dit l’amanite, en tentant de dégager le passage. Aïee ! Mais vous m’avez mordu !
— PARTEZ ! Les gardiens devenaient de plus en plus agressifs et menaçants. Ils mordirent le casque de Bertille et essayèrent d’arracher la lanterne de bolet. Effrayé, le petit groupe sonna la retraite

peinture gouache et crayon de couleur de Gwenn (d’aprés un charadesign de Poc note)